Photo : Niclas Jessen - Tivoli 08/2008 |
El pasado viernes Radio Classique, como sabéis, dedicó una jornada a Rolando Villazón, y, entre los programas emitidos, destaca la larga entrevista realizada por Olivier Bellamy. La duración total de "Passion Classique" es de una hora y media. Catherine y Daniele se han ofrecido a transcribirlo casi enteramente, y os lo ofrezco en el idioma original, el francés. Me es imposible traducir tal extensión, pero, al tenerlo por escrito, os será mucho más fácil hacerlo vosotros, cada uno en su idioma. Recomiendo utilizar el gadget de traducción de la columna derecha del blog ("TRANSLATE ALL TEXT TO..."). Lo haré en varios capítulos, durante varios días, intercalado con otras noticias que puedan ir saliendo. Al final de cada capítulo tenéis el fragmento de audio que corresponde.
Olivier Bellamy : A chaque fois que je vous vois, vous
avez toujours un livre à la main.Que lisez-vous en ce moment
Rolando Villazón: je suis en train de lire Philippe
Roth : American Pastorale et aussi un livre de Jeanne Lacoste : La
philosophie de l’art.
O.: Est-ce que vous êtes un philosophe de
l’art…
R.: Non je suis un artiste, mais je crois que
tout le monde est un philosophe. De là à être un philosophe professionnel,
c’est autre chose. C’est comme être un
chanteur : tout le monde a une voix de soprano, mezzo, ténor ou baryton
après nous, nous sommes les chanteurs professionnels, mais … tout le monde est
un philosophe : au moment où on se demande où nous sommes, où on va, d’où on
vient, on rentre dans la philosophie.
O.: Je sais que vous avez eu votre première
de l’elisir d’amour à la Scala
de Milan, il y a peu de temps, comment cela s’est passé ?
R.: C’était une soirée magique ; j’étais
super content ; c’était une période très belle : les répétitions, les
chœurs sont des gens fantastiques, tous les collègues, la production que l’on
connait ici à Paris, très belle et charmante. Moi, j’étais positivement surpris
par l’ambiance, par l’énergie positive et par un public que j’attendais
beaucoup plus difficile
O.: On dit que le public de la Scala est un public terrible
R.: Ecoutez,
depuis Pavarotti, chaque fois que l’on a fait l’E. d’Amour, il y avait une partie du public qui huait
après una Furtiva.., alors je m’attendais que quelques uns allaient faire
BOOOOOOO sans tenir compte de la manière que je la chantais. Heureusement, cela
a été un succès pour tout le monde et c’était très spécial d’être dans la
cathédrale lyrique, à la Scala
de M. de chanter la Furtiva…
et après le public, c’était des minutes, et minutes d’applaudissements , de
bravos, de chaleur humaine et c’est une très belle soirée pour tout le monde.
J’ai déjà chanté la 2è et je pars ce week-end pour encore quatre avec une grande émotion et très content
d’être là.
O.: Qu’est-ce que cela vous fait de vous
entendre ? Est-ce que vous avez tendance à être toujours critique avec
vous-même ?
R. Oui…, je crois, comme tous les chanteurs…
D’abord, c’est le plaisir de voir, d’écouter quelque chose qui est fini, pour
laquelle l’on a beaucoup travaillé, donc il y a une joie d’entendre ça ;
mais parallèlement il y aussi l’oreille critique qui dit « Cette
note- là, il faut la placer comme ça ou aujourd’hui, je ferai comme ça »Il
faut être comme ça avec soi-même : le critique le plus attentif, pas le plus
méchant...
O. il y en a d’autres qui s’en chargent…
R.: Oui …ils sont déjà là… c’est bien..Vous
savez tout ce qu’on écrit, tout ce qu’on dit d’un chanteur d’opéras, ce n’est
pas personnel et donc je crois que c’est comme le football. Les gens ont le
droit d’exprimer leurs émotions, de dire leurs opinions ; nous, notre
devoir c’est de continuer à faire ce qu’on aime bien faire, de donner notre
cœur dans ce qu’on aime bien faire et d’essayer de continuer à servir la
musique, à servir le répertoire et les compositeurs et de créer des
personnages ; Nemorino est un personnage fantastique.
O.: Mais ça c’est une très grande sagesse.
Est-ce qu’elle s’acquiert cette sagesse ? Est-ce qu’au début de votre
carrière, quand vous chantiez avec tout votre cœur, toute votre énergie, vous
lisiez des critiques épouvantables, est-ce que ça vous démoralisait complètement ?
R.: Mais, il n’y a jamais de critiques
épouvantables….AHHHHHHH
Non, mais bien sûr, je suis humain, je vous mentirais, si je disais : ah
non, je peux lire des choses horribles qu’ils écrivent de moi, et c’est
super…Aujourd’hui, je ne lis pas mais avant, oui ; en fait c’est comme
ça : on prend une liste de critiques, et on commence après une
représentation : « A très bien, le ténor, Villazon, bla bla.. »
OK, la suivante : »Le ténor, belle voix »c’est bien, la suivante
« Les aigüs… »c’est bien, la quatrième : « Horrible,
on n’a jamais entendu un ténor si bas, quelle voix épouvantable… » Tout le
monde pense que je suis terrible ! On prend tout de suite la chose
négative et on reste là. … Heureusement j’ai laissé cette partie de la carrière
derrière, je suis là où je peux vraiment sourire, je ne lis pas les
critiques ; je suis entouré de gens en qui j’ai beaucoup de confiance et
qui me font confiance et me disent les choses qu’ils pensent comme ils les
pensent. J’ai un coach avec lequel je travaille, Raphael, ici en France ;
c’est un travail très technique, il y a une critique de sa part, c’est sûr,
positive et aussi objectivement des choses qui n’ont pas marché, d’une façon
très technique. C’est ça qui aide le chanteur à continuer à s’améliorer et à
rechercher à évoluer.
Une critique sans fondement, une opinion cela
reste une opinion très valide ; il faut respecter les opinions, mais ce
n’est qu’une opinion, donc il faut faire attention. La différence entre une
critique qui a un aspect constructif qui peut nous servir pour continuer à
devenir mieux et à continuer à servir la musique de la meilleure manière et une
critique qui est une opinion ; vous savez on peut dire : « je
n’aime pas ça » et c’est tout à fait valide de dire ça et il ne faut même
pas dire pourquoi. C’est comme ça.
O.: Il y a une chose qui est très importante
dans votre art. Souvent on parle de votre voix solaire, de votre style…il y a
une chose très importante que vous travaillez sans doute beaucoup ou qui est
naturelle, je ne sais pas, c’est l’intériorité des personnages ; les
personnages sont très fouillés et pourtant les personnages d’opéras, de ténors,
ne sont pas d’une profondeur psychologique très grande, mais vous essayez
toujours de percer au plus profond de ces personnages..
R.: Mais justement, si c’est vrai qu’il y a des
personnages unidimensionnels, alors il faut inventer les autres dimensions et
je crois que, tout simplement il faut entendre la musique ; les
sentiments, les émotions des personnages sont dans la musique, donc il faut
d’abord écouter la musique, il faut
suivre le message et la direction que la musique est en train de nous indiquer.
Je crois qu’il faut oublier notre vie personnelle, notre biographie. Je ne suis
pas quelqu’un qui essaie de se rappeler
de telle souffrance pour l’amener là ou de telle joie pour l’amener à un autre
personnage. Je crois qu’il faut voir les personnages comme des êtres de fiction
et les respecter comme des êtres vivants et essayer de les comprendre à
l’intérieur comme on le fait à travers la grande littérature ; d’écouter
la voix, vraiment de l’intérieur des personnages, et une fois qu’on arrive à
faire cela, je crois qu’on découvre l’autre dimension des personnages, une fois
qu’on va au delà de la voix, au-delà de bien chanter. La technique, savoir
faire des piano, arriver à chanter bien
les aigüs, dominer les passages etc…c’est très bien mais ce n’est que le
commencement de l’art. A partir de là on commence à construire quelque chose du
côté de la beauté, des émotions. Si on ne reste que dans la voix, les aigüs,
les piano, cela devient une activité un peu sportive, pour dire la vérité. Dans
l’opéra, c’est vrai qu’il y a un côté un peu sportif : on fait une chose
extrême ; c’est impressionnant de voir un chanteur d’opéra surtout s’il a une
voix généreuse, grande, c’est impressionnant de voir un être humain capable de
faire ça, comme de voir quelqu’un qui saute 6 mètres… mais il ne faut pas
oublier qu’ici on est en train de parler d’art, de musique et donc il faut
oublier l’aspect impressionnant et je crois que notre responsabilité c’est
d’oublier qu’on peut être admiré et, au lieu de ça, il faut oublier notre nom,
là où on est , si c’est superstar, ou star
ou si c’est simplement un chanteur qui commence, peu importe, il faut se
rappeler que demain cela va changer. Nemorino reste là ; l’Elixir d’amour
reste là ; Donizetti restera là comme il est resté pendant toutes ces
années. Et ce sont les noms, à côté, qui changent tout le temps ; les
petits noms qui sont à côté. Aujourd’hui, c’est mon nom, demain ce sera un
autre… déjà il y a plusieurs dans le monde .
Donc, si l’on peut arriver à s’effacer et
laisser l’artiste jouer, chercher et trouver ce qu’il y a de profond, de
sublime et d’extraordinaire dans la musique , alors ce n’est pas seulement l’artiste, pas seulement
l’ouvrage, pas seulement le public, je crois que ça sera l’âme universelle qui
va gagner.
Transcripción: Catherine
Passion Classique - Olivier Bellamy - Rolando Villazón part 1 - 13:24'
merci, mes copines Villazonistas Cathérine et Daniele. Quel beau travail vous avez fait!
RépondreSupprimerJ'avais déjà suivi l'interview oralmente, mais le lire c'est encore autre chose. Finalment j'ai la reponse à la question qui me occupait depuis toujours. Rolando a un coach Raphael pour le soutenir, corriger et guider! C'est normal, mais maintenant je suis informée.
Un grand merci!!!
Teresa como todas las entrevistas de Rolando supongo que deve ser estupenda y divertida como el pero afalta de entender nada te dire que la foto es magnifica una de mis preferidas un abrazo
RépondreSupprimerthank you for this, and am looking forward to all the posts xxxx
RépondreSupprimerGracias de nuevo, Daniele Y Catherine!!!
RépondreSupprimerGracias de nuevo, Daniele Y Catherine!!!
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