13 mars 2009

EL WERTHER DEL DIA 12: CRÓNICA DE CATHERINE


Par chance, j'ai pu assister au 3ème Werther de Rolando (après avoir vu la Générale et la représentation du 3 mars, en compagnie des Villazonistas). Même si j'étais à une place debout, en fond de parterre, cela n'a, en rien gâché, mon plaisir.

Dès le début, j'ai constaté avec plaisir que tous les interprètes étaient "en voix", à part quelques décalages avec l'orchestre.

A. Kucerova campe une Sophie jeune et charmante au timbre délicat et à la technique sûre. A. Vernhes est un bailli impeccable et L. Tézier m'a semblé beaucoup plus impliqué que la fois précédente, retenant sa voix puissante et donnant un nouveau relief au personnage un peu fade d'Albert. Le fait qu'il chante le rôle de Werther en alternance lui a donné, peut-être, une autre approche du rôle.

S. Graham est une Charlotte splendide et elle aussi s'est montrée sous un jour plus sensible, en particulier au début. Elle n'est plus la jeune femme un peu détachée et froide que j'avais vue le 3 mars; elle montre dès le début le trouble qui l'habite dès sa première rencontre avec Werther et fait progresser ce trouble en vraie passion désespérée. Sa voix est comme une vague au déferlement à la fois puissant et doux et elle déploie, grâce à une technique irréprochable , toutes les facettes de son immense talent. Personne ne peut sérieusement lui tenir rigueur de quelques notes aigues un peu "dures".

Enfin, le héros de la soirée : Rolando. (Pour qui d'autres envisagerai-je de passer presque 3 heures debout??) Franchement, il en vaut la peine et je crois même qu'il me porte chance, puisque dès l'entr'acte, j'ai pu me placer dans un fauteuil resté vide au 4è rang de parterre....avec une vue parfaite ! Ceci est une observation annexe, et je reprends donc le cours normal de ma chronique: Tout a magnifiquement commencé, mais (oui, il y a un "mais"..) un léger enrouement, après la rencontre avec Charlotte: "O spectacle...." sur une note prise mezza voce, l'a obligé à un léger raclement de gorge ce qui, je le pense, l'a un peu troublé, voire déconcentré (?). Il s'en est suivi quelques notes un peu basses , des accélérations de tempi (bien rattrapées par le chef d'orchestre; K. Nagano) et surtout un stress perceptible dans "j'aurai sur ma poitrine".

Je suis une admiratrice inconditionnelle de Rolando, mais je ne suis pas sourde. Ceci dit, pendant quelques instants, j'ai eu la crainte que sa voix ne se dérobe à nouveau. Heureusement il n 'en a rien été. Je tiens à préciser qu'à aucun moment, il n'a négligé le jeu intense et passionné qui font de lui un Werther crédible, dans cette mise en scène qui, par ailleurs, ne m'a pas plu du tout ...

La deuxième partie s'est déroulée comme dans un rêve : Le retour de Werther, le duo avec Charlotte ont été merveilleux tant les deux artistes se sont donnés "à fond" faisant oublier qu'ils jouaient des rôles, leurs voix se mêlant avec une passion inouie. Enfin, le suicide et l'agonie de Werther dans les bras de Charlotte ont atteint un paroxysme d'émotion tel que les larmes me sont montées aux yeux. D'ailleurs, mon voisin de fauteuil, pleurait franchement...

Une immense ovation a salué S. Graham et R. Villazon, réunis pour les premiers saluts; Rolando s'inclinant pour baiser la main de S. Graham puis ils se sont étreints longuement;des applaudissements très nourris pour tous les protagonistes, et une nouvelle ovation à S. Graham et Rolando visiblement très heureux de partager ce succès mérité. Pour terminer, Rolando a pris par les épaules les enfants pour les faire saluer en même temps que les solistes. Une preuve supplémentaire de sa générosité!

Avant de sortir de la salle, j'ai aperçu la charmante Lucia à qui j'ai demandé de transmettre mes félicitations de Villazonista à son mari. Elle s'y est engagée avec un large sourire.

En conclusion, je dirai que si Rolando semblait en meilleure forme vocale le 3 mars, il était, à mon avis, encore plus convaincant hier soir. Je ne sais comment l'expliquer; j'étais littéralement subjuguée par son incarnation de ce héros tourmenté, désespéré qu'il habite de toute sa personnalité.

En sortant du théatre, j'ai entendu de nombreux commentaires très enthousiastes, disant, entre autres "on a bien fait de ne pas se fier aux critiques"... Je ne prétends nullement avoir les compétences d'un critique professionnel et ceci n'est qu'une chronique subjective d'une villazonista. J'ai eu l'occasion d'applaudir de nombreux Werther et je considère que Rolando est un Werther exceptionnel à tous points de vue.

Catherine

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