6 avr. 2009

ROLANDO VILLAZON EN OPERA MAGAZINE

(extracto de la entrevista, gracias, Yvette!)

Les mauvais moments vécus au Metropolitan Opera de New York lors de la première de Lucia di Lammermoor, le 26 janvier dernier, sont maintenant derrière vous; que s'est-il passé exactement?
Rolando Villazón: J'ai fait un couac, ce soir-là, pendant la scène de la fête. On ne pouvait pas ne pas l'entendre. Ce n'est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière, ça peut arriver à n'importe quel chanteur, nous ne sommes pas des machines. Et puis, j'ai attrapé un rhume qui m'a empêché de participer aux représentations suivantes. Mon annulation a été le résultat de toute une combinaison de circonstances, auxquelles il faut ajouter la pression d'un direct filmé, programmé pour le 7 février. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, si on fait un canard, on le retrouve dès le lendemain sur YouTube, et le monde entier est au courant. Alors les commentaires commencent: "sa carrière est finie", "Il n'en peut plus"...Tous mes collègues me le disent, le moindre événement, que ce soit un échec ou un triomphe, prend des proportions absurdes. Et les langues s'agitent, bla, bla, bla...ça n'en finit pas!

Vous affirmez que vous ne gardez pas un souvenir pénible de ces instants, ce qui peut sembler paradoxal...
R.V: Mais non, je vous assure! J'ai même vécu ça comme un moment très beau. J'ai senti que la note bougeait, ma voix s'est refermée, il y a eu huit secondes d'une énergie, d'une force extraordinaire. C'est ça, le théâtre en live! Et ce silence! Le chef avait deux solutions: ou il attaquait tout de suite pour reprendre, ou il me laissait le temps. J'avais l'impression de sentir la chaleur du public, des musiciens, comme si elle venait jusqu'à moi, comme si j'étais dans un élément solide, minéral. J'ai rechanté la note aiguë que j'avais ratée et je l'ai réussie. Ensuite, j'ai terminé la soirée sans problème.

Etiez-vous triste?
R.V:Ni triste, ni furieux, mais fier, car pendant les huit secondes dont je vous ai parlé, j'avais toujours les possibilités de me cacher, mais je ne l'ai pas fait, j'ai rechanté! Dans ma loge, ma femme m'a consolé, m'a dit qu'il n'était pas question d'arrêter, qu'éventuellement, je pouvais demander qu'on fasse une annonce. Voilà. J'ai continué, et à la fin, le public a réagi favorablement, vraiment; et il n'y avait pas que les bravos des spectateurs: sur le plateau, nous nous applaudissions tous ensemble. L'opéra, c'est comme un marathon, quelqu'un peut tomber mais se relever. Je vous l'ai dit, je suis fier de cette soirée. La seule chose qui m'a attristé, c'est de ne pouvoir assurer les suivantes. Mais, après mes Werther parisiens, je retourne au Met pour L'elisir d'amore.

En somme, ce sont les risques du métier!
R.V: Mais c'est ça, la scène, tout peut arriver! Le plus difficile, ce sont les jugements que portent les autres, y compris les critiques, qui ne devraient pas tirer de conclusions allant au-delà de ce qu'ils ont vu et entendu. Le papier le plus juste, pour Anna Netrebko et pour moi, a été celui d'Anthony Tommasini dans le New York Times; c'est ce qu'on aime lire dans un article.

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