Rolando, accueilli très chaleureusement par le public parisien qui l'adore, a brillamment commencé avec l'air de Macduff qui verse des larmes de désespoir après l'assassinat de son épouse et de ses fils: un moment d'une rare intensité émotionnelle. Ensuite B. Terfel, un peu tendu, a incarné, avec la noirceur requise, le traitre Iago. Malgré quelques notes un peu instables, l'ensemble fut dramatiquement réussi.
Rolando est revenu pour Lenski où il excelle : Je l'ai entendu très souvent et j'admire qu'il soit capable de modifier à chaque fois son interprétation : plus de retenue, moins d'exaltation, presque entièrement en demi-teintes; il a déchiré le coeur du public qui, après un bref silence (dû à l'émotion), l'a ovationné longuement. B.Terfel a remarquablement chanté l'air de Wolfram de Tannhauser, avec une merveilleuse sensibilité et a remporté un grand succès.
Pour terminer cette première partie, le duo de Don Carlo :"Dio, Che nell'alma infondere" (et non celui indiqué dans le programme): les 2 protagonistes, impliqués au maximum dans un chant commun d'une grande beauté, ont donné le meilleur, même si parfois les notes aigües de Rolando étaient un peu tendues.
Avant le début de la seconde partie, Rolando est apparu brièvement sur scène pour demander au public de patienter et dire qu'il était presque prêt (??), puis il est revenu une canne sous le bras et deux "horribles" postiches blancs en main. Il a alors expliqué qu'il était difficile de passer ainsi d'un rôle à l'autre et que pour Faust il fallait absolument des accessoires (qu'il avait récupérés dans des restes de Noël...).
Il s'est affublé de ces postiches sous les rires et les applaudissements du public alors que B. Terfel avait beaucoup de mal à garder son sérieux face aux pitreries de Rolando qui, comme nous le savons, adore faire rire le public. Pour ne pas démériter, B. Terfel a feint l'épouvante après la transformation de Rolando en "jeune Faust", déclenchant par ses mimiques l'hilarité des spectateurs et allant jusqu'à siffler entre ses doigts pour le rappeler sur scène lorsque celui-ci a sauté dans la salle (probablement pour vérifier le nombre de ses admiratrices...). Pour en revenir à la partition de Gounod, l'ensemble fut satisfaisant, malgré quelques petites imprécisions dues partiellement au "flottement" de l'orchestre.
Difficile de revenir aux choses sérieuses, pourtant : c'était le tour de B.Terfel et du célèbre "Veau d'Or". Il connaît toutes les "ficelles" de Méphisto et a brillé comme il se doit. Rolando est réapparu pour l'air de Polyeucte où il a su traduire la détermination du héros à mourir pour sa foi, avec l'intensité qu'on lui connaît. Le public charmé n'a pas tenu compte d'une légère défaillance à la fin de l'air.
Enfin le duo des Pêcheurs de Perles fut une complète réussite. Le mélange des 2 timbres somptueux, la qualité du chant, presque toujours mezza voce, le phrasé, l'expressivité, ont montré une fois encore l'implication de 2 artistes d'exception. Une entente totale et absolue.
Après une ovation amplement méritée et de nombreux rappels, il y eut 3 bis :
- Rolando, fidèle à "No puede ser" qu'il sait renouveler chaque fois et où il donne tellement de lui-même qu'il lui arrive parfois de terminer sur une note un peu basse...
- Bryn, dans une mélodie anglaise (ou galloise)
Pour terminer dans la gaîté, le baryton et le ténor se sont "renvoyés la balle" dans le célèbre "Granada", mêlant pas de danse, rires et grimaces : 2 complices visiblement heureux de leur soirée.
Je suppose que les grimaces étaient destinées à la prestation très moyenne du Prague Philharmonia -(que j'avais déjà pu entendre lors du concert Villazon/Florez de juillet et que je n'avais pas aimé)- qui a alterné trop de "bruit" avec un accompagnement très "mou". Cette formation orchestrale dirigée par Gareth Jones (ami de B. Terfel) manquait probablement de répétitions et a brillé par son imprécision. Deux artistes de cette trempe méritaient mieux que cela.
En conclusion de ce très long bavardage, j'ajouterai que j'ai été enthousiasmée par cette très belle soirée qui a permis la rencontre de 2 artistes RARES. Sans se prendre au sérieux, ils savent faire partager au public toutes les émotions grâce à leur magnifique talent. L'un et l'autre sont ce qu'on appelle des "bêtes de scène" et l'exercice redoutable du concert doit leur demander une énergie particulière qu'ils ont généreusement déployée pour la plus grande joie des chanceux spectateurs du T.C.E. Merci à eux.
Catherine
P.S. Une admiratrice a remis un bouquet de roses à Rolando qui en a (généreusement...) cédé une à son partenaire.
CATHERINE, TUS PALABRAS NOS HAN TRANSPORTADO AL TCE, TUS COMENTARIOS SON MUY DESCRIPTIVOS Y DIVERTIDOS, TUS FOTOS RELATAN EL RELAJADO AMBIENTE REINANTE, TU CRÓNICA ES MUY INTERESANTE, Y NO DEJA NINGÚN ASPECTO SIN MENCIONAR. TE LO AGRADECEMOS MUCHÍSIMO TODOS LOS SEGUIDORES DE ROLANDO (Y DE TERFEL) QUE NO TUVIMOS LA OPORTUNIDAD DE ESTAR ALLI !!!
Añadido por Catherine el 18/01:
Je me permets d'ajouter un rectificatif à mon commentaire concernant l'air de Polyeucte (Gounod) interprété par Rolando.
Ahhh, menos mal, Rolando no ha tenido ningua "défaillance"...era simplemente la versión. Gracias por tu rigurosidad en la información Catherine!
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