Rolando en Berlín - foto de archivo |
Continúo con la entrevista de Olivier Bellamy, de la que han transcrito un extracto Catherine et Daniele. Ésta es la segunda parte, de un total de cuatro, que irán saliendo durante la próxima semana. Al final, tenéis el audio que corresponde a este fragmento. Podéis leer aquí la primera parte de la entrevista
Rolando: Donc pour revenir à la question, mon rêve c’était d’être un personnage de fiction parce que je trouvais que les personnages de fiction étaient beaucoup plus réels que les personnages que je voyais dans la rue, parce que j’arrivais à connaître leur vie dans l’intérieur, à les comprendre dans l’intérieur, et comme c’est le cas, on ne se comprend pas… P. Roth "Tout est malentendu" Où on va ? c’est un malentendu. Moi je pense que vous êtes de telle façon, que vous êtes comme ça et si je parle avec quelqu’un d’autre, il va voir toujours des différences. Alors c’est où la réalité ? c’est où le sens de qui nous sommes. Donc je rêvais d’être un personnage de fiction et je trouvais qu’il y avait un côté noble, beau et poétique dans la défaite des personnages que je lisais et une de mes fantaisies était d’être un clochard, mais c’était sérieux je me voyais comme clochard, sans famille, seul, en train de méditer sur la vie, de regarder le monde qui m’entourait. Heureusement pour moi, je fracassais dans ce drame. J’ai une belle famille, j’ai une carrière qui est une aventure incroyable et voilà. Mais aujourd’hui la figure de clochard continue à être très attachant. Quand je trouve quelqu’un, j’ai le temps: je m’assois avec eux dans la rue, je parle avec eux ; je connais les clochards là où j’habite. Je les connais bien : on parle, on mange des fois c’est assez intéressant. Je trouve que ce sont des vies tristes mais il y a un côté extrêmement –on parlait de mélancolie, nostalgie poétique- profond, dur, terrible mais qui nous raconte une partie de la vie très réelle, très forte, très dure, très cruelle et, en même temps, de temps en temps on est très étonné quand on nous donne le temps à nous-mêmes d’écouter les voix des déterrés, des parias.. Je peux dire une chose : ici, en France, comme dans aucune autre partie dans le monde, je vois que les gens ne traitent pas les clochards comme des gens invisibles mais ils les traitent comme des êtres humains. C’est assez commun de voir des gens parler aux gens dans la rue et je trouve ça extraordinaire. Miguel D’Unamuno, un écrivain philosophe espagnol disait : "quand je te donne une pièce de monnaie, ne pense pas à la valeur de cette pièce, mais sent la chaleur que cette pièce a de moi ; elle vient de ma main pour ta main". Je crois que c’est le plus important: entrer dans l’humanité des autres je crois que c’est le plus difficile surtout dans un monde comme celui d’aujourd’hui. En parlant de musique et de l’art, oui je crois qu’ils ont une fonction, surtout aujourd’hui, dans la société où on habite, cette société de changement, de consommation :dès que tu achètes quelque chose, déjà le nouveau, le mieux, le plus petit, le plus rand, la nouvelle couleur, il est déjà dehors et dans une semaine tu le jettes et tu achètes l’autre. La vie nous montre d’être un peu comme ça, non? de ne pas arriver jusqu’au bout de notre rêve, de notre projet mais de commencer, recommencer, recommencer, voir où on arrive et donc je crois que la musique, l’art nous permet de faire un stop et d’aller dans l’intérieur des émotions humaines et la musique parle des émotions humaines..On nous permet d’avoir une résonnance. Je parlais tout à l’heure de Rossini, de cette ouverture : ce petit Rolandito de 9 ans( ?), il y avait un miroir là-bas ou plutôt un instrument qui résonnait avec le cœur de son âme, c’est pour ça que je dis : allez écouter l’ouverture complète et vous comprendrez comment l’âme de cet enfant a pu être émue et a pu comprendre comment trouver une place, un lieu où elle pouvait crier ou elle pouvait rêver en même temps, et c’était grâce à la musique.
(The impossible dream)
Olivier Bellamy: De Rossini on passe à Rocinante …le cheval de Don Quichotte…L’homme de la Mancha. Quand vous étiez jeune, vous rêviez d’être Don Quichotte. Votre imagination était enflammée par ce livre magnifique de Cervantes.
Rolando: Oui absolument. C’est un personnage extraordinaire. Vous savez, quand on parle de l’art, c’est extraordinaire qu’aujourd’hui vous demandez à n’importe qui dans la rue qui est D. Quichotte, et tout le monde aura une réponse, approximative, correcte, profonde, mais tout le monde sait qui est D. Quichotte. Si vous demandez qui est Cervantes, alors là il y a beaucoup de gens qui ne savent pas et je crois que c’est le triomphe de la fiction, c’est le triomphe de l’art. je crois qu’aussi extraordinaire : Sir A. Conan Doyle, c’est qui ? mais si on demande qui est Sherlock Holmes, tout le monde sait qui est Sherlock Holmes Je pense que quand j’entends Brahms, oui on adore Brahms parce que c’est lui qui a composé ça mais finalement c’est la musique qui a atteint un statut universel, éternel, le statut d’un dieu, c’est l’ouvrage qui l’a. je crois que nous, comme chanteurs, nous les interprètes, il faut avoir cela très présent
O.: L’œuvre est plus importante que le compositeur ; elle dépasse le compositeur
R.: Oui. Moi, je crois… G. Garcia. Marquès a écrit le chef d’œuvre latino américain « cent ans de solitude », voilà complètement dans notre histoire, un écrivain qui mérite par un ouvrage, une vie, chaque page qu’il a écrit : ce n’est pas un grand livre, c’est une collection de livres d’une évolution, d’une recherche. C’est fantastique et je crois que c’est l’ouvrage qui devient beaucoup plus important que l’artiste.
Je reviens à D. Quichotte. Au début, ce n’était pas le livre, c’était le film avec Peter O’Toole, S. Loren qui vient de la comédie musicale et je crois que c’est grâce à ce film et à cette musique que j’ai commencé à jouer et chanter en même temps… O.: Est-ce que vous êtes toujours à la recherche de l’inaccessible étoile, en tant qu’artiste, en tant qu’homme?
R.: Je crois, qu’en tant qu’être humain, je suis d’accord avec Young qu’il y a en partie une nécessité d’être en contact avec le sacré qui peut venir sous beaucoup de formes et le mystique, l’incompréhensible, ce qui échappe aux explications scientifiques – je suis passé par une période où je rejetais tout ce qui n’avait pas d’explication scientifique. Aujourd’hui, je reviens à cette partie extraordinaire qui nous fait être humain : on ne saura jamais s’il y a un dieu ou s’il n’y a pas un dieu. On ne pourra pas le démontrer ou pas ou dire le contraire. Je crois qu’on n’arrivera jamais à avoir une explication du dualisme, ou monisme. Est-ce qu’il y une âme, est-ce qu’on est un être ; le déterminisme c’est le débat constant.
O.: Est-ce que vous êtes d’accord avec ce philosophe juif du 18è s. qui dit "Dieu est la chose la plus importante au monde, même s’il n’existe pas"
R.: Rires…Je me souviens là de l’opinion d’un clown qui disait : "Qu’est-ce que tu penses des athées ? O les athées, j’en ai marre des athées, ils parlent tout le temps de Dieu ".Rires…
Je crois que Oui, Il est là, dans notre tête. Même ‘sil n’existait pas, c’est une question qui nous brûle. Cela dit, je crois que les réponses sont ici et qu’il faut se concentrer sur le monde qu’on a, même si c’est un monde catastrophique. Je ne crois pas au paradis ; je crois que le seul paradis qu’on peut avoir c’est le paradis qu’on peut créer ici nous ensemble, les êtres humains donc je crois aux droits humains, je crois au dialogue, je crois aux tolérances, aux oreilles qui écoutent les autres, même si on n’est pas d’accord ; je crois à la raison, je ne crois pas aux opinions ; je dis : tout le monde a le droit d’avoir une opinion mais c’est beaucoup + important d’avoir des postures qui viennent d’une pensée -(moi j’ai pris le temps de penser à ça, pour me questionner, pour entrer dans un débat et pour arriver à une conclusion). Je crois que l’humanité a besoin de ça, une humanité qui malheureusement habite beaucoup dans la superficialité, dans le monde des opinions : "c’est comme ça, parce que je le dis!" . On ne peut pas marcher comme ça.
Et donc oui, le mystère c’est bien ; le contact avec le sacré, oui. Je suis d’accord qu’il y a une information génétique qui vient avant nous (Freud ne sera pas d’accord avec moi) et donc l’essence précède l’existence (ça c’est Sartre… ce n’est pas moi) mais je crois que c’est vrai. On arrive, on est là pendant un moment mais l’information vient d’avant et je crois fermement que c’est notre devoir d’aller chercher à l’intérieur de nous-mêmes, d’aller chercher cette information, de la rendre consciente pour arriver à faire quelque chose de constructif, tant qu’il y a des êtres humains, comme humanité, comme espèce humaine ; si l’on ne fait pas ça, ce monde on va continuer à le détruire.
What an fascinating man. Is it any wonder that his characters are the richest you will find in all of opera? He brings so much fuel to light his characters up from within. He seems to have an insatiable curiosity about life, and nothing escpes his attention. He is the antithesis of bored. Rolando is very "alive," and his characters throb with such visceral intensity that they are practically leaping off the stage and into your lap.
RépondreSupprimerI can't even begin to comment on his interactions with the homeless. He has such genuine respect for them. So touching. So moving. My God.
Good heavens, I forgot the obvious! Thank you so much to Catherine and Daniele for the transciption. I know how time-consuming it must have been, but you made it possible for so many people to enjoy this wonderful interview. It's a labor of love, which pretty much describes everything on this blog. Thank you, Teresa!
RépondreSupprimerViva Rolando! Vivan los villazonistas!
thank you for translating and posting up on the blog, reading what rolando thinks on life, just shows he is a typical pisces, we (as i am one too) are very complex souls, and have a million things running through our minds at once, it is nice to read, the thoughs of a fellow pisces, i do hope one day he publish's his auto biography, but i am sure it will be at least 12 books worth, as we pisces like to chat lol
RépondreSupprimerQuelles paroles bouleversantes! Cette partie de l’interview d’Olivier Bellamy m’a complètement coupé le souffle. Elle nous fait voir un être humain avec des dimensions surhumaines, d’une extrême sensibilité, avec une bonté, une générosité sans égal, avec une profondeur d'âme et de réflexion supérieure aux humains. Dans chacune de ses interviews, Rolando nous surprend, son ouverture d’esprit, ses pensées sont d’une puissance choquante. C’est la même force commotionnante et saisissante que nous retrouvons dans son jeu, dans sa présence scénique.
RépondreSupprimerCet entretien avec Olivier Bellamy est particulièrement intéressant, le plus intéressant depuis le précédent avec le même Olivier Bellamy.
RépondreSupprimerJe ne considère pas Rolando comme un surhomme, c'est un homme très spontané, chaleureux, intelligent et qui a appris une certaine sagesse, après tous les soucis vocaux qu'il a du supporter. Certainement les lectures philosophiques l'ont beaucoup aidé. Mais aussi et surtout sa femme LUCIA, toujours là pour le soutenir, et l'aider à surmonter ses épreuves.
Rolando n'est pas un Dieu, c'est un homme avec beaucoup de dons, énormément de charme, mais avec les qualités et les défauts d'un être humain.